Photo illustrant l amalgame dentaire

Le mercure est un métal argenté qui peut se présenter sous différentes formes. Son grand intérêt ? Il est liquide à température ambiante, et son volume augmente lors d’une hausse de température. Ainsi, le thermomètre à mercure, inventé en 1724 par le physicien allemand Daniel Gabriel Fahrenheit, est l’instrument le plus répandu servant à mesurer une température. Ce thermomètre a néanmoins un gros désavantage : le mercure dont il est composé est extrêmement toxique pour le foie, les reins et le cerveau et est d’autant plus néfaste qu’il s’évapore facilement et est aisément assimilé par l’organisme.

 

Une toxicité du mercure reconnue

On sait que le mercure est hautement toxique depuis longtemps : le philosophe Pline l’ancien en avertissait déjà ses pairs au 1er siècle en écrivant son encyclopédie. En France, les maladies liées au mercure ont été reconnues comme maladies professionnelles dès 1919, et il se trouve pourtant dans bien des produits domestiques. Son exposition, même en petites quantités et particulièrement chez l’enfant, peut entraîner des symptômes neurologiques graves. Il est donc peu étonnant qu’en 2007, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le mercure parmi les 10 substances les plus toxiques posant un problème majeur de santé publique, aux côtés de l’arsenic, du plomb ou de l’amiante.

 

Vous ne le saviez peut-être pas, mais les amalgames dentaires, que l’on avait coutume d’appeler « plombages », sont composés à 50% de mercure. Si pour certains dentistes, le produit est en quantité trop insuffisante pour affecter la santé, des études démontrent que l’amalgame dégage du mercure en continu dans la bouche du patient et s’accumule dans le cerveau et les reins de celui qui le porte. Pire, la mère enceinte peut intoxiquer son enfant in utero, puisque des études ont démontré que « la quantité de mercure dans le cerveau des nourrissons était proportionnelle au nombre d’amalgames maternels ». Les praticiens manipulant l’amalgame dentaire sont d’ailleurs très précautionneux avec le produit et sont dotés d’un récupérateur dédié lors de sa dépose car le mercure est considéré comme un déchet hautement toxique. Pourtant, en France, 17 tonnes de mercure dentaire sont placées chaque année dans la bouche des Français

 

Alors pourquoi utiliser du mercure dans un amalgame dentaire ?

C’est la question que beaucoup se posent. Alors que les thermomètres médicaux contenant du mercure ont été interdits à la vente en France depuis le 1er mars 1999 en raison de leur toxicité ; qu’un rapport du Conseil de l’Europe en 2011 préconise d’en finir avec l’amalgame dentaire au mercure – soupçonné d’être impliqué dans la survenue de maladies neurologiques dont la maladie d’Alzheimer, de Parkinson, ou la sclérose en plaques ; que l’amalgame dentaire au mercure est interdit dans plusieurs pays de l’Union européenne comme la Suède, la Norvège, le Danemark ou le Pays-Bas ; que l’OMS confirme des effets graves d’une intoxication au mercure comprenant des troubles de la cognition, de la mémoire, de l’attention ou encore du langage, il est étonnant que ce métal lourd soit encore toléré dans la bouche de patients.

 

Depuis quelques années, de fortes revendications contre la pose d’amalgames dentaires au mercure apparaissent. Des scientifiques, associations telles que Non au mercure dentaire, ou encore l’eurodéputée EELV Michèle Rivasi, alertent sur la toxicité du produit et militent pour son élimination. Après un rapport du Conseil de l’Europe en 2011 préconisant d’en finir avec l’amalgame dentaire au mercure, et une préconisation de l’OMS relative à la réduction des principales sources de mercure dans les soins dentaires, un règlement du Parlement européen du 17 mai 2017 interdit la pose d’amalgame dentaire uniquement pour les enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes ou allaitantes au sein de l’Union. L’Etat français devant s’y conformer, la mesure y est ainsi appliquée depuis le 1er juillet 2018. Pendant que certains patients sollicitent un retrait de leur(s) plombage(s) suite à une intoxication aux métaux lourds et des problèmes de santé conséquents, des praticiens et chercheurs ont proposé en 2010 de compléter les bilans sanguins traditionnels et bilans de santé classiques par un « profil métallique » incluant des métaux lourds dont le mercure et le plomb.

 

Un nouvel exemple de dysfonctionnement de la sécurité sanitaire ?

Cette interdiction est accueillie avec enthousiasme, mais elle apparaît insuffisante aux yeux de ceux qui souhaitent son élimination totale. Si des produits substitutifs existent et sont aussi bien remboursés par la Sécurité sociale que les amalgames au mercure, ils sont néanmoins plus difficiles à poser selon les praticiens.

Pourtant, le mercure est hautement toxique, et si certains praticiens mettent en avant une absence de certitude quant aux effets d’amalgames dentaires au mercure sur des personnes adultes, ce doute devrait inciter à être précautionneux et choisir une solution alternative. Le fait que les autorités aient attendu l’année 2017 pour prendre des mesures afin d’éliminer progressivement le mercure des amalgames dentaires interroge, d’autant plus que l’interdiction de vente de thermomètres médicaux au mercure a été faite près de 10 ans plus tôt. Alors que certains militants parlent de l’émergence d’un « nouveau délit d’empoisonnement », ce retard n’est pas sans rappeler les scandales à répétition concernant les autorités de santé. En effet, après avoir tu des informations capitales sur la santé des patients, le silence de l’Agence nationale de santé, des médicaments et des produits de santé (ANSM) s’inscrit dans un climat de défiance quant aux autorités sanitaires.

 

Les récentes évolutions juridiques nous laissent penser que le mercure tend à être éradiqué. Néanmoins, les difficiles reconnaissances du lien entre amalgame dentaire au mercure et symptômes d’une intoxication pourraient motiver les patients victimes à se regrouper afin de lancer une action en justice.

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